Le jour où… « j’ai accueilli un stagiaire japonais à la fromagerie »
Émilien, 37 ans, éleveur de chèvres poitevines et producteur de fromages bio dans la Vienne.
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« J’aime mon métier, notamment pour les échanges qu’il me procure avec les autres éleveurs, les fournisseurs ou les clients sur les marchés. J’accueille aussi régulièrement des stagiaires qui viennent en majorité pour apprendre un peu de technique en élevage et fromagerie. Ce fut le cas de Rikuto, un jeune Japonais de 27 ans, qui m’a contacté à l’été 2024 via la plateforme wwoof.fr. Il travaillait à l’époque dans une fromagerie artisanale au Japon et souhaitait s’initier aux modes de transformation française, dans l’idée de s’installer dans son pays. Son premier séjour a duré quatre jours. Il avait pris des congés spécifiquement pour son voyage, qu’il prolongeait par une seconde visite en Normandie. Mon compagnon Olivier est allé le chercher à la gare. Le contact est tout de suite bien passé, malgré la barrière de la langue, y compris avec notre salarié Armel.
« Malgré nos difficultés à communiquer, il y avait quelque chose qui passait »
Nos échanges se faisaient en anglais, une langue qu’il commençait à apprendre et moi je me débrouillais tant bien que mal avec mes souvenirs de collège et de lycée. C’était très prenant, car nous étions ensemble toute la journée pour soigner les chèvres et faire le fromage, et nous l’hébergions aussi à la maison. Parfois le soir, j’étais épuisé. Heureusement, il existe des applications de traduction sur le téléphone, bien utiles pour les mots techniques. Malgré nos difficultés à communiquer, il y avait quelque chose qui passait. Rikuto était curieux et cherchait à tout comprendre, c’était très agréable. Je pense que lui aussi a apprécié. La preuve : il nous a recontactés pour revenir deux semaines en juin 2025. Il venait de démissionner afin de passer plusieurs mois en Europe. Nous l’avons de nouveau reçu avec plaisir, même si j’appréhendais de devoir reparler en anglais. J’ai constaté qu’entretemps il avait progressé et que moi aussi je maîtrisais mieux le vocabulaire. Cette transmission de savoir-faire fut une expérience enrichissante, malgré l’énergie dépensée pour se faire comprendre. Rikuto a poursuivi son voyage en Alsace et en Italie. J’échange régulièrement avec lui, via Instagram. C’était la première fois que j’accueillais une personne d’une autre nationalité et d’une autre culture, sur une durée aussi importante et je ne le regrette pas. Cela m’a conforté dans l’idée qu’il faut s’ouvrir aux autres et échanger avec eux. »
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